«Figure de proue de la chimie organique actuelle, le lauréat impressionne tant par son inépuisable ingéniosité que par sa phénoménale productivité. Il a notamment développé des méthodes durables et douces de synthèse organique aujourd’hui largement répandues dans l’industrie chimique, pharmaceutique et agro-alimentaire.»
Résumer l’œuvre de Dieter Seebach en quelques mots est impossible tant est diverse la collection de molécules auxquelles il a consacré ses recherches. On se contentera de mentionner deux exemples. Premier à étudier sérieusement la structure et la synthèse d’une nouvelle famille de biopolymères bactériens, les poly-β-hydroxyalcanoates, il a mis en évidence leur rôle essentiel dans les échanges minéraux entre la bactérie et le milieu extérieur. Armé de ces connaissances, il a réussi le tour de force de reconstituer des canaux ioniques entièrement de synthèse dont les propriétés ne se distinguent en rien de celles des canaux des membranes cellulaires bactériennes. Ses études plus récentes sur les β-peptides, polymères synthétiques ressemblant aux protéines naturelles, ouvrent des perspectives nouvelles en pharmacologie. Enfin, ses contributions en synthèse stéréospécifique, si importantes pour l’industrie pharmaceutique, et, surtout, son concept du “Umpolung”, un terme allemand qui, chose rarissime aujourd’hui, a passé tel quel dans les jargons professionnels anglais et français, font de Dieter Seebach l’un des chimistes qui ont le plus marqué la chimie organique de synthèse du 20ème siècle.