«[…] reconnaît le caractère éminemment novateur des travaux de recherche qu’ils ont menés dans le domaine des matériaux supraconducteurs à haute température. Cette percée a ouvert des perspectives inattendues en électrotechnique et en microélectronique.»
En 1911, Kamerlingh Onnes découvrit la supraconductivité: lorsque le mercure, un métal électriquement peu conducteur à température ambiante, est porté à une température proche du zéro absolu (-273 °C), le courant électrique le traverse sans rencontrer de résistance. Pendant des années, on a cherché à relever la température critique – celle en dessous de laquelle un corps devient supraconducteur – avec des alliages métalliques, dans l’idée que seul des matériaux très denses pouvaient être supraconducteurs. K.A. Müller et J.G. Bednoz, en revanche, ont fait des essais depuis 1983 avec des oxydes pulvérulents et ont finalement réussi la percée décisive en 1986 avec un alliage de lanthane, baryum, cuivre et oxygène, dont la température critique était de -238 °C. Un grand avantage des températures encore plus élevées qui ont pu être obtenues depuis lors réside dans le fait qu’il n’est plus nécessaire de refroidir à l’hélium liquide, cher à produire, mais que l’azote liquide, bien moins cher, convient. L’idée des deux chercheurs a, par la suite, donné lieu à une véritable course pour réaliser des alliages de même type, du fait des applications extrêmement prometteuses qu’on en escomptait dans l’euphorie de la première heure. Mais ces applications techniques et commerciales sont pour l’instant encore très limitées: il est notamment difficile de travailler ce matériau très cassant sans lui faire perdre ses propriétés supraconductrices.